Qu’est-ce qui est jaune et qui vous attend ? Votre 51 en terrasse pardi ! L’été a enfin pointé le bout de son museau, et comme l’être humain a un comportement bien cyclique, il reproduit les mêmes choses année après année.
Ainsi, comme le veut la tradition, chaque été doit avoir :
- sa destination touristique tendance, cette année ça risque d’être la creuse tant les gens sont fauchés (faut bien acheter le dernier iPhone)
- son sous-vêtement : maillot de bain brésilien, string Bluetooth (sans fil donc), soutien-gorge dos nu, et caetera, et caetera
- son animal : l’été 2017 fut pas mal placé sous le signe du flamant rose (bouée flamant rose notamment), je mets ma pièce sur le cafard cette année bien que ces mignonnes bêtes n’excellent pas en milieu aquatique
- son alcool estival
- la chanson de l’été, sûrement un truck anglais que vous braillerez au quotidien dans un “yaourt presque parfait”, verre de la boisson de l’été à la main, dans votre maillot de bain de l’été (ou sans) à bord de votre bouée animale de l’été dans le pays de l’été, durant quelques semaines de vacances bien méritées
Le rôle de la boisson de l’été
La boisson alcoolisée de l’été tient donc un rôle majeur dans cette période “muy caliente“, car durant ces 2-3 mois de “beau temps”, vous allez remettre en route vos interactions sociales, débrancher le mode avion et activer le mode apéro. Vous allez sortir 1 jour sur 24H en moyenne selon les statistiques tenues par mes comptes personnels, à raison de 3,666 verres en moyenne, ce qui nous donne une hypothèque sur la baraque et un foie bien patraque.
Il est donc important de ne pas noyer ce dernier dans n’importe quel alcool. L’année passée, on va pas se mentir, c’était le Spritz Apérol qui avait la côte, et ça n’a pas franchement fait du bien aux portes-feuille. Vendu pour la bagatelle d’un billet rose dans tous les bons bistrots bobos parisiens, il est souvent réalisé complètement “à l’arrache” comme en témoignent les bartenders :
“Souvent les gens ne réalisent pas qu’on est juste là pour leur prendre leur pogn’ en masse sans trop se casser le tronc. L’été est tellement court, pensez-vous réellement qu’on a le temps de se la jouer Mister Cocktails ? Pour le spritz, on arrête par exemple d’y mettre des agrumes, car il faut les couper et c’est trop long. La technique, c’est d’abord de faire rentrer le plus de glaçons possible dans le verre, notre boss dit toujours : “je veux voir plus de glace dans vos consos qu’en Afrique (ndlr il entendait sans doute Arctique) !” Qu’est-ce qu’on se marre… Du coup, pour en revenir au Spritz, c’est basiquement de l’eau (sous forme de glaçons), de l’eau pétillante (sous forme de bulles) et de l’apérol pour faire la couleur sinon les gens se doutent d’une couille. On a aussi arrêté d’y mettre du vin pétillant, car ça revenait trop cher selon nos estimations…”
Nous livre Mathieu, cocktail manager d’une guinguette branchée sur Mulhouse dans son livre : “les confessions d’un agitateur de glaçons aux éditions BookàQuai”
Donc l’apérol, cher, pas bien réalisé 90% du temps et rendant les selles un peu trop oranginesques, NEXT.
Comment la pelouse royale a envahi le marché de l’apéro avec un concept “disruptif”
Cet été, les jeunes veulent de la fresh’, un “truck patate qui te démonte pour pas cher” comme le dit Laurent, jeune patron d’une start-up au succès discret (“work in success, let the silence make noise” comme il le dit lui même).
“C’est pas tant le problème de l’argent finalement, moi par exemple, j’aime pas étaler mes revenus devant la misère de mes amis, mais je gagne excessivement bien ma vie depuis que j’ai disrupté mon secteur d’activité sur Montpellier. Je préfère payer cher et être sur un alcool qualitatif plutôt que de payer cher et être sur un alcool de contrebande médiocre…j’ai plus 7ans quoi, les cuites au Malibu ça va 5 minutes mdrr”
Dit il en se refroquant élégamment.
“Moi le souci maintenant, c’est que comme je finis mes journées très tard le soir vers 17h30 (ndlr l’entreprise est en plein boom économique sur un marché novateur et demandeur) et que je les entame très tôt vers 11H du tinm’ (ndlr matin en à l’envers), il me faut noyer mes soucis de chef d’entreprise avec quelque chose de rapide, clair et concis, à l’image du pitch que je fais chaque jour devant mes business angels”
Et cette boisson efficace, il n’est pas impossible que Laurent l’ai trouvé, pour lui, c’est clairement la boisson de l’été/l’année/l’hiver/et même l’été prochain.
Laurent reprend :
“N’ayons pas peur des mots, la pelouse royale est le meilleur cocktail que cette humanité ait jamais vu. En fait, elle ne vient pas de moi directement, mais d’un voyage disruptif alchimique que j’ai réalisé en Égypte récemment. Sur une des pyramides, j’ai pu voir un hiéroglyphe (langue que je parle, forcément, pour le business) sur lequel était représenté cette boisson sacrée…“”
La boisson sacrée en question ? Du pastis et du Get 27 réunis pour un succès garanti. Parfois le génie se trouve dans les choses les plus simples de la vie, et clairement, c’est ce qu’on observe ici.
“Un gout mentholé anisé unique et disruptif qui ne manquera pas de créer un “dépôt le bilan” chez le consommateur moyen après seulement 2 drinks ! La dernière fois, j’en ai pris 11, c’était très très stylé, sans doute une des meilleures ré-soi de ma vie, dommage que je n’en ai pas souvenir, on m’en a raconté des bouts ceci étant dit !”
Il reprend son souffle (parler l’essouffle visiblement) avant de reprendre :
“Initialement, ce cocktail se prend en shot, mais moi je dis stop. La pelouse royale, c’est avant tout un long drink qui doit remplir une parité parfaite entre les deux alcools pour que les goûts s’équilibrent en bouche, ce n’est pas à la portée de n’importe quel idiot. Je m’espante encore de devoir expliquer en 2018 ce qu’est une pelouse royale aux barmans !? À chaque fois je suis là….euh seriously guys ? Vous voulez pas que je passe derrière le comptoir non plus ? C’est ça le problème de la société : les gens sont trop confinés dans ce qu’ils connaissent, ils ne sortent pas de leur zone de confort et ils ne think pas assez outside the box comme on dit dans la silicone vallée de Montpellier.”
Poursuit Laurent, notoirement agacé…
“Parfois ça m’amuse bien quand je rentre dans le bar, que je demande une pelouse royale et que le type derrière le bar me dit, sûr de lui, droit dans ses bottes : ah non on n’a pas ça. Comment ? Tu vas me dire que tu n’as pas de pastis peut-être ? Si, ah bon ! Et tu n’as pas de Get 27 non plus ? Ah bon, ben alors tu me sers une dose de pastis et une dose de Get et tu la fermes, tu arrêtes avec tes petits airs condescendants, tu cesses de faire le Jean Michel Je Sais Tout et tu me demandes si tu ne sais pas la con de ta race…”
On ne le répètera jamais assez, aussi bon et qualitatif soit il, l’alcool peut rendre mauvais. En tout cas cet été, pensez pelouse royale si vous devez vous rafraîchir à un troquet, et toujours dans le respect de la modération.